Les troubles psychologiques pouvant être traités par une TCC

De nombreux troubles peuvent être traités à l’aide des Thérapies Cognitivo-Comportementales (T.C.C) :Troubles anxieux (anxiété généralisée, anxiété sociale, trouble panique, phobies, vulnérabilité au stress, T.O.C);Troubles de l’humeur (dépression, trouble bipolaire); Estime de soi/affirmation de soi; Boulimie; Dépendance au tabac, au cannabis, à l’alcool;Tout sentiment de mal-être psychique, tout trouble émotionnel ; Problèmes de couple

La TCC, une psychothérapie structurée, à durée limitée, marquée par une attitude de collaboration entre patient et thérapeute
La thérapie cognitivo-comportementale est une forme de psychothérapie à durée limitée (six mois à un an pour la majorité des troubles, deux ans pour les troubles sévères, tels les troubles de la personnalité). Cette psychothérapie se caractérise par une participation active du thérapeute et du patient. Ces derniers travaillent ensemble, dans une relation collaborative, à l’amélioration de l’état psychologique du patient. Après plusieurs entretiens, le thérapeute déterminera avec vous des objectifs thérapeutiques, définira un plan de thérapie et structurera les séances en fonction de ces objectifs. Dans ce type de thérapie, les « cibles thérapeutiques » sont les comportements, les cognitions (pensées) et, plus récemment, avec les apports de la TCC dite de « troisième vague », les émotions.

En effet, si vous ressentez un mal-être psychologique, vous aurez tendance à adopter des comportements inadaptés (ex: abandon des activités de loisir chez une personne déprimée) et des cognitions dysfonctionnelles. (ex: la pensée qu’on est quelqu’un sans valeur chez les personnes ayant une faible estime de soi).

Ces pensées et comportements influencent et sont influencées en retour par des émotions négatives et intenses (désespoir, angoisse, rage…), renforçant votre mal-être. Aussi, en modifiant ces différentes composantes (comportementales, cognitives, émotionnelles), la TCC permettra d’améliorer votre état psychologique.
Afin d’atteindre les objectifs de la thérapie, différent moyens (techniques comportementales, cognitives et émotionnelles) sont employés pendant les séances ou entre celles-ci, grâce à des exercices que vous aurez à réaliser vous-même.

La relation patient-psychothérapeute en TCC

Le psychothérapeute formé aux TCC dispose de compétences professionnelles lui permettant de réaliser des thérapies efficaces d’après de nombreuses études scientifiques. Toutefois, il n’en reste pas moins un être humain, avec son style relationnel et ses caractéristiques personnelles. Il est important que vous vous sentiez à l’aise et en confiance avec votre thérapeute. Aussi, n’hésitez pas à lui donner un retour sur votre ressenti pendant l’entretien, qu’il soit positif ou négatif ou encore sur vos éventuels doutes par rapport aux méthodes thérapeutiques proposées. En effet, la TCC se caractérise par son plan thérapeutique structuré, mais également par une relation collaborative (le patient qui connaît son problème travaille avec le thérapeute qui connaît les outils pour résoudre le problème) et transparente (un des principes de la TCC repose sur l’information précise des méthodes employées par le thérapeute).


Premières consultations en TCC: l’analyse fonctionnelle

Avant de définir des objectifs thérapeutiques, il est nécessaire d’analyser en détail le ou les problèmes pour lesquels vous venez consulter.

– Depuis quand souffrez-vous ce problème?
– Quelles sont les circonstances (où, quand, comment, avec qui?) qui favorisent la survenue de ce problème ou qui au contraire l’atténuent?
– Ce problème est-il influencé par un autre problème, psychologique ou physique?
– Quels sont les comportements, pensées, émotions et sensations qui accompagnent votre problème?
– S’agit-t-il d’un problème qui contraste avec votre façon d’être habituelle ou fait-il partie de votre personnalité?
– A quel point ce problème affecte-t-il les différents domaines de votre vie (vie amoureuse, vie familiale, vie sociale, vie professionnelle).
– S’il y a plusieurs problèmes, quel est le plus handicapant?…

Selon les réponses obtenues à ces différentes questions, la façon de résoudre vos problèmes pourra être différente.

Prenons par exemple le cas de deux patients présentant une consommation importante de cannabis. Ces deux personnes en fument de manière quotidienne. La première souffre d’anxiété sociale et consomme du cannabis pour atténuer cette anxiété. L’autre a débuté sa consommation suite aux événements douloureux dont elle a pu parler et faire le deuil lors d’une précédente psychothérapie. Toutefois, elle éprouve toujours des difficultés à se passer de cannabis plus d’une journée.

On pourra proposer dans le premier cas un travail centré sur la gestion de son anxiété sociale, en lui apprenant une méthode relaxation et en l’exposant en séance et en dehors des séances à des situations sociales de plus en plus anxiogènes.
On pourra proposer au second patient un travail centré directement sur sa consommation de cannabis (modification des attentes liées au cannabis, apprentissage de stratégies pour faire face à l’envie de fumer).

Prenons également l’exemple d’une personne déprimée depuis le début de l’âge adulte et d’une autre, de personnalité enjouée et optimiste, déprimée depuis quelques mois suite à la perte de son emploi. Dans le premier cas, on s’assurera que la personne est suivie par un psychiatre qui déterminera l’utilité d’un traitement médicamenteux.
Concernant la psychothérapie, on mettra l’accent sur un travail cognitif en profondeur, en travaillant notamment sur le repérage et l’assouplissement de schémas cognitifs, sortes de postulats à l’origine de pensées dysfonctionnelles (ex: le postulat «je suis un raté » provoquant, face à une situation d’échec à un concours professionnel, la pensées suivante; « c’est normal que j’ai échoué à cet examen car je suis un raté, ça ne changera jamais »).

Dans le second cas, on pourra envisager un travail plus comportemental, en aidant par exemple le patient à élaborer un planning intégrant des activités simples et agréables et progressivement, des activités de recherche d’emploi.

Les techniques TCC

1. Les technique cognitives

Il, s’agit de techniques visant un changement au niveau des pensées. Plus précisément, le travail thérapeutique consiste à identifier et à modifier les éléments cognitifs suivants: les cognitions (ou pensées automatiques); les distorsions cognitives et les schémas cognitifs.

– Qu’est-ce qu’une cognition (ou pensée automatique)?

Il s’agit selon Cottraux de « toute pensée ou toute image mentale dont vous n’êtes pas conscient à moins de vous focaliser sur elle ». Elles se manifestent sous forme de « dialogues intérieurs » et sont accompagnées d’émotions. Ex: face à la situation suivante: votre ami a 30 mn de retard par rapport à l’heure de votre rendez-vous, vous pouvez avoir la cognition suivante: « pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé », accompagnée d’anxiété, ou encore: « il est gonflé, il me fait attendre dans le froid », accompagnée d’agacement.

– Qu’est-ce qu’une distorsion cognitive (ou erreur logique)?

Il s’agit d’un dysfonctionnement de la pensée logique. Il en existe plusieurs types, les principaux étant les suivants:

– l’inférence arbitraire (tirer des conclusions sans preuve) ex: « il a de très bons vins dans sa cave…c’est parce qu’il manque de générosité qu’il ne nous en a pas proposé à diner »

– la généralisation (appliquer les caractéristiques d’une expérience unique à toutes les situations possibles): face à une situation d’échec au permis de conduire: « je n’arriverai jamais à rien dans la vie »

– la maximalisation et la minimisation (exagérer ou sous-estimer un aspect d’une situation ou d’une personne). Ex: face à une situation de chute dans la rue «je suis complètement ridicule et maladroit»

– la personnalisation (évaluer une situation ou la réaction d’autrui comme exclusivement liées à ses propres caractéristiques personnelles): lors d’une soirée où est présent un bel inconnu « c’est parce que suis totalement insignifiante qu’il n’est pas venu m’adresser la parole à cette soirée »

– Qu’est-ce qu’un schéma cognitif?

Il s’agit de croyances et d’interprétations personnelles, qui s’expriment sous forme de postulats. Il existe des schémas inconditionnels (ex: « je suis incompétent ») et des schémas conditionnels (« si je parle, on va me trouver incompétent »)

– Comment identifier et modifier une cognition?

En séance, les cognitions sont repérables lors de moments ou vos émotions s’expriment. Le thérapeute vous aidera à les modifier en vous aidant à élaborer des pensées alternatives plus réalistes pour chacune de vos cognitions dysfonctionnelles Entre les séances, le thérapeute pourra vous proposer de reporter par écrit vos pensées dès vous ressentez une émotion intense. Afin de modifier vos cognitions dysfonctionnelles, vous pourrez également être amené à trouver puis écrire des cognitions alternatives dès qu’une cognition dysfonctionnelle survient lors d’un moment émotionnel.

Le schéma cognitif est à l’origine des cognitions dysfonctionnelles, par le biais d’une distorsion cognitive, comme l’indique le schéma suivant:
d.c. *
schéma cognitif ::::::::::::::::::::>cognition dysfonctionnelle
* distorsion cognitive

– Comment identifier et modifier une distorsion cognitive?

En séance avec le thérapeute ou seul entre les séances, vous apprendrez à repérer vos distorsions cognitives en repérant vos cognitions. L’idée est de se poser les questions suivantes:  » Quand je pense ceci, n’ai-je pas tendance à tirer des conclusions sans réelle preuve? Généraliser à partir d’une situation unique? A sous estimer ou sur-estimer certains aspects de la situation? A interpréter la situation en ne prenant en compte que mes caractéristiques personnelles?.. »

– Comment identifier et modifier un schéma cognitif?

Les schémas cognitifs sont repérables en séance à travers un questionnement spécifique du thérapeute et par la recherche de thèmes communs retrouvés parmi vos différentes cognitions. Ces éléments cognitifs mettent plus de temps à changer car ils sont ancrés plus profondément en vous. Le thérapeute dispose de plusieurs méthodes, cognitives et émotionnelles, pour modifier l’impact de vos schémas sur votre bien être émotionnel. Il pourra par exemple discuter avec vous des arguments en faveur et en défaveur de la validité du schéma.
Des « épreuves de réalité » pourront également vous être proposées afin de vérifier la validité de vos schémas (ex: demander à une personne étant persuadée d’être ridicule quand elle danse de se rendre en discothèque pour danser et de noter l’attitude des gens autour). Le but de cette modification réside davantage dans la façon de réagir à l’activation de son schéma plutôt que dans la modification de son contenu.

2.  Les techniques comportementales

Elles sont variées et personnalisables à l’infini en fonction des problématiques rencontrées. Les principales techniques rencontrées sont les suivantes:

– L’exposition et la désensibilisation

Elles permettent de diminuer le niveau d’anxiété lié à des situations spécifiques (ex: peur du vide, des araignées, peur du rejet d’autrui…) . Ces techniques reposent sur le principe d’habituation: plus vous vous confrontez longtemps et régulièrement à une situation anxiogène, plus votre anxiété diminue.
Nous avons tendance à éviter les situations désagréables. Aussi, si vous redoutez une situation, vous allez avoir tendance naturellement à l’éviter, ce qui vous permet de diminuer votre anxiété à court terme mais la renforce à long terme.

Au contraire, si vous vous exposez à la situation redoutée, l’anxiété sera importante au début mais diminuera progressivement, jusqu’à son extinction.

Pour que l’exposition soit efficace, il est toutefois nécessaire que celle-ci se fasse dans de bonnes conditions, c’est à dire qu’elle soit préparée en séance avec votre thérapeute, volontaire, progressive, suffisamment longue et répétée.

La désensibilisation est un technique associant l’exposition à la relaxation.
L’exposition ou la désensibilisation peuvent se faire en imagination (le thérapeute vous fait imaginer la situation anxiogène grâce à des évocations) ou « in vivo » (vous vous confrontez en vrai à la situation anxiogène).

– La programmation d’activités

Il peut s’agir d’activité plaisantes et/ou d’activités nécessaires au quotidien, que vous avez perdu l’habitude de faire ou qui vous semblent trop compliquées, pour des raisons de temps, de motivation, de manque de confiance en vous-même… Le fait de vous programmer des activités précises, à un jour et une heure préalablement déterminés, augmente la probabilité que vous les mettiez en œuvre. Pour certaines personnes, notamment dépressives, des activités du quotidien peuvent sembler insurmontables. Le thérapeute peut alors proposer une hiérarchie de ces activités, de la plus simple à la plus complexe, afin déterminer un planning d’activités.

3. Les techniques émotionnelles

La modification de vos pensées et comportements va entraîner une modification émotionnelle, étant donné l’interaction entre les composantes cognitives, comportementales et émotionnelles (les cognitions influencent et sont influencées par les comportements et les émotions, les comportements sont influencés et influencent les cognitions et les émotions, les émotions influencent et sont influencées par les comportements et les cognitions).
Toutefois, des techniques permettent d’agir plus directement sur les émotions. C’est le cas notamment de la relaxation, très souvent utilisée en TCC. Les différentes techniques proposées sont centrées sur la respiration abdominale et/ou la contraction et la décontraction musculaire, ou encore sur la tension musculaire résiduelle. Ces techniques permettent une détente corporelle propice à la gestion des émotions aiguës (colère, attaques de paniques…) et chroniques (stress du quotidien, anxiété généralisée…).

D’autres techniques émotionnelles comme la mindfullness se centrent sur l’acceptation des émotions telles qu’elles sont, sans chercher ni à les juger, ni à les supprimer.

L’après thérapie

Les TCC reposant sur l’apprentissage de nouvelles habilités, il peut être bénéfique de continuer à les mettre en pratique régulièrement après la thérapie. Votre thérapeute pourra vous proposer lors de la séance de bilan, des façons d’entretenir les progrès acquis pendant la thérapie.

Certains opposants aux TCC leur ont reproché de ne travailler que le symptôme, ce qui provoquerait un déplacement de celui-ci sous une autre forme. Cela était peut-être vrai concernant la première vague des TCC qui ne s’occupait que de l’aspect comportemental du problème présenté par le patient.

Avec la prise en compte des éléments cognitifs et émotionnels, l’analyse fonctionnelle permet de repérer et de prendre en charge des éléments dysfonctionnels plus profonds, ancrés dans la personnalité. Toutefois, certaines thérapies telles la thérapie des schémas de Young et la psychothérapie d’inspiration analytique se centrent plus particulièrement sur ces éléments de personnalité. Elles peuvent être proposées après une thérapie cognitivo-comportementale ou préférées à celle-ci, notamment pour les personnes ayant suivi de nombreuses thérapies sans succès et/ou présentant un mal-être diffus, avec une variété de symptômes.