Qu’est-ce que la thérapie ICV ?

La thérapie ICV est une thérapie psycho-corporelle qui permet de se libérer des souffrances du passé (traumatismes récents ou plus anciens, maltraitance ou négligence dans l’enfance, abus sexuels, relation sentimentale douloureuse, traumatisme à la naissance, etc), afin de vivre pleinement sa vie dans le présent. Cette thérapie est autant indiquée pour les personnes ayant subi des traumatismes à l’âge adulte que dans l’enfance, y compris la petite enfance (entre 0 et 3 ans). Elle peut aider toute personne en souffrance, quelle que soit la nature et la profondeur de sa problématique car chacun d’entre nous a connu dans sa vie, à des degrés divers, des évènements pénibles qui peuvent représenter  des microtraumatismes.
Cette thérapie s’inspirant des neurosciences et des théories de l’attachement vise à établir ou rétablir chez la personne une bonne capacité de régulation émotionnelle, favorisant ainsi l’estime de soi, la confiance en ses ressources personnelles, la capacité d’adaptation aux évènements de vie difficiles et donc de manière plus globale, facilite l’accès au bonheur, quelles que soient les souffrances rencontrées dans le passé.


Les principes de l’ICV

L’INTEGRATION NEURONALE ET LA DISSOCIATION

La thérapie ICV favorise l’intégration neuronale (phénomène neurochimique qui provoque la connexion entre plusieurs réseaux de cellules cérébrales). Cette intégration renforce le sentiment personnel de cohérence interne et permet une bonne régulation émotionnelle, par opposition à la dissociation qui témoigne d’une intégration neuronale insuffisante.
Le phénomène de dissociation peut exister à des degrés divers, entre la dissociation ordinaire que nous connaissons tous quand nous passons dans la même journée d’une émotion agréable à une émotion désagréable au gré des situations rencontrées (il y a un changement d’état avec conscience de ce qui a provoqué ce changement, au moins après coup) et la dissociation pathologique chez des personnes qui peuvent basculer de manière surprenante et incohérente d’un type de fonctionnement à un autre, exprimant ainsi deux facettes de personnalité qui « cohabitent » en elles sans conscience par l’une de l’existence de l’autre.

LE PHENOMENE DU TRAUMATISME

Chez une personne ayant vécu un traumatisme, tout se passe comme si une partie d’elle vivait encore à la période de ce trauma. Par exemple, un homme rescapé des attentats parisiens de novembre 2015 va subir l’intrusion d’images mentales de scènes de coups de feu (flash-back) comme s’il y était, alors que l’évènement est terminé. Il y a dissociation spatio-temporelle. Chez cette personne, une partie d’elle est bel et bien dans l’ici et le  maintenant tandis qu’une autre vit dans le passé.
En cas de traumas précoces et répétés, la dissociation peut être aggravée. Avant 2 ans, les structures cérébrales responsables de la mémoire explicite ne sont pas encore en place chez l’enfant. Ainsi, celui-ci peut avoir vécu un trauma précoce sans le savoir consciemment mais son corps se « souvient ». Bien longtemps après le trauma, tout évènement anodin ayant une similarité quelconque avec l’évènement ancien va activer des sensations corporelles et des émotions pénibles, sans que cet enfant devenu adulte comprenne pourquoi. Par exemple, une femme ayant subi des attouchements étant bébé par un oncle ressentira un mal de ventre dès qu’elle sera en sa présence ou encore, des douleurs génitales lors d’un rapport sexuel avec son partenaire.

LA CONSTRUCTION D’UNE BASE DE SECURITE INTERNE

Les personnes qui ont pu développer dès la petite enfance une base de sécurité interne (aussi appelée « Soi central ») suffisamment  solide ont une bonne intégration neuronale précoce. Elles acquièrent donc une meilleure capacité de régulation émotionnelle tout au long de leur vie. Cette base de sécurité interne se construit si les parents de l’enfant disposent eux-mêmes d’une base de sécurité interne qui leur permet de « s’accorder émotionnellement » à leur enfant, c’est-à-dire de s’ajuster à ses besoins de manière fine et profonde, de lui apporter l’attention, les soins et l’affection dont il a besoin pour son développement. On parle dans ce cas d’attachement « secure » aux figures parentales.
La construction d’un soi-central solide chez l’enfant dépend également de la co-construction d’un récit autobiographique (le parent échange avec son enfant au sujet de ce qui lui arrive et de ce qui lui est arrivé par le passé, tout au long de son développement) qui favorise la construction  cohérente de l’identité. Si ces conditions précoces n’ont pas été mises en place (attachement « insecure » aux figures parentales et absence de co-construction autobiographique parent-enfant), de nombreux réseaux neuronaux restent isolés dans le cerveau, favorisant le phénomène de dissociation : la personne a des parties de sa personnalité qui ne sont pas reliées entre et donc une cohérence interne insuffisante. Cette personne aura plus de difficulté à se remettre des évènements de vie difficiles tout au long de sa vie.

 

Les protocoles ICV

Conformément aux principes décrits précédemment, la thérapie ICV utilise dans ses protocoles thérapeutiques deux éléments essentiels  qui favorisent l’intégration neuronale et donc la création de nouvelles stratégies d’adaptation qui vont aider la personnes à résoudre ses difficultés actuelles et à venir, en puisant dans ses propres ressources (le thérapeute n’est là que pour accompagner la personne dans ce processus en lui fournissant le cadre adéquate). Le premier élément, concret est la ligne du temps, liste de souvenirs par ordre chronologique établie par le patient (avec l’aide du thérapeute ou non). Le deuxième, plus subtil mais non moins important est l’accordage du thérapeute qui correspond à la qualité de présence et de réceptivité au vécu émotionnel du patient.
A partir de ces éléments, plusieurs protocoles ont été développés avec des formes légèrement différentes selon la problématique à traiter. Dans tous ces protocoles, le thérapeute lit plusieurs fois en une séance sa ligne du temps au patient dont la mémoire implicite (les sensations et émotions associées au souvenir) et explicite (le souvenir conscient) des évènements décrits sont activées simultanément. Chaque passage de la ligne du temps favorise l’intégration neuronale chez le patient, les souvenirs lus successivement et rapidement favorisant la conscience de la liaison entre ces souvenirs. On peut regrouper ces protocoles en deux grandes catégories : les protocoles de construction, qui interviennent sur les phases précoces du développement (avant 3 ans), indiqués pour les personnes ayant eu des carences affectives précoces, des problèmes profonds d’estime de soi ; les protocoles de réparation pour les personnes ayant subi des traumas isolés après la petite enfance (ex : accident de voiture, abus sexuel à l’âge adulte…), ayant de manière générale une bonne capacité de régulation ou ayant effectué un protocole de construction au préalable.

La durée de la thérapie ICV

Il n’y a pas de durée-type pour une thérapie ICV. Dans le cas de traumas isolés survenus à l’âge adulte, une à 2 séances suffisent dans la plupart des cas. Dans le cas de problématiques plus complexes (troubles de la personnalité, traumas répétés et précoces…), la thérapie dure le plus souvent 2 à 3 ans et peut même dans certains cas prendre plus de temps même si des résultats se font toujours sentir bien avant la fin de thérapie, généralement, à partir de 5 ou 6 séances espacées entre elles d’une quinzaine de jours.