Qu’est-ce que l’hypnose?

L’hypnose est un état de veille particulier favorisant l’interaction entre le conscient et l’inconscient. Il s’agit d’un phénomène naturel qui existe chez tout être humain. Le nourrisson l’expérimente de façon permanente et ce phénomène perd progressivement de son importance au cours du développement cognitif de l’être humain, relayé par le raisonnement.
L’hypnose repose sur l’activation des processus attentionnels et permet par exemple de s’absorber entièrement dans une expérience, réelle (vous fermez les yeux et vous percevez certaines sensations dans le corps auxquelles vous n’auriez pas fait attention en temps habituel), imaginaire (en vous remémorant un souvenir, vous parvenez à ressentir ce souvenir avec vos 5 sens comme si vous y étiez réellement), de réaliser une action en pensant complètement à autre chose (vous faites la vaisselle tout en étant ailleurs dans vos pensées)…

Indications et principes de l’hypnose

En hypnose thérapeutique, on ne fait que se servir de ce phénomène naturel en l’amplifiant, afin d’obtenir divers effets bénéfiques pour les patients. Aussi, tout le monde est susceptible d’être hypnotisé s’il le souhaite. Selon les personnes et les moments, la profondeur de la transe hypnotique sera plus ou moins importante (avec des caractéristiques observables plus spectaculaires en hypnose profonde qu’en hypnose superficielle, comme des hallucinations visuelles). Toutefois, la profondeur de la transe hypnotique n’est pas déterminante dans les changements obtenus par l’hypnose, qui peuvent être obtenus lors d’une transe superficielle.

L’hypnose thérapeutique peut représenter une indication pour de nombreux troubles : les troubles anxieux, dépressifs, le psychotraumatisme, les troubles du comportement alimentaire, les troubles sexuels, les comportements addictifs, les douleurs chroniques… Celle-ci peut être utilisée comme unique méthode thérapeutique mais peut également représenter une alternative ou être utilisée en complémentarité avec d’autres approches thérapeutiques (TCC, thérapies d’inspiration analytique…).

En thérapie, l’hypnose est utilisée pour aborder les problèmes que le seul raisonnement ne parvient pas à améliorer et qui peut de surcroit être à l’origine ou renforcer ces problèmes. C’est ainsi par exemple que les interprétations détaillées d’une personne phobique sociale sur la façon dont les autres pourraient évaluer ses moindres faits et gestes vont créer et entretenir sa peur des autres. Ou encore, qu’une personne souffrant d’anxiété généralisée, en réfléchissant à tous les dangers potentiels liés aux situations inhabituelles, va éviter toutes les situations incertaines, se privant de nombreux plaisirs et possibilités d’épanouissement. L’hypnose permet alors, en utilisant les ressources inconscientes dont dispose chaque être humain, d’ ouvrir le champs des possibles, de créer de nouvelles représentations mentales, de vivre de nouvelles sensations, de nouvelles émotions, de disposer de nouvelles possibilités d’action. La personne sous hypnose va vivre un nouveau rapport à elle-même, aux autres, au monde qui l’entoure, un rapport plus ouvert, favorisant la guérison.

L’hypnose thérapeutique fait appel à l’inconscient dans son acception ericksonienne, c’est-à-dire tout ce qui ne constitue pas l’ici et le maintenant (nos apprentissages passés, un bonne partie de notre fonctionnement physiologique…).

Déroulement d’une séance d’hypnose

Le contenue d’une séance d’hypnose, tout comme le nombre de séances nécessaires, est très variable, même si bien souvent, des changements se font sentir dès la première séance.

 La séance débute par une «  induction », procédure permettant de dépotentialiser l’esprit conscient et de rentrer en contact avec les ressources inconscientes de la personne, c’est-à-dire, d’entrer dans l’état hypnotique, aussi appelé transe hypnotique.  Diverses méthodes d’induction peuvent être utilisées (fixation d’un point, concentration sur sa respiration, sur les sons, sur les sensations corporelles, ouvertures et fermetures rapides des yeux, relaxation…). L’induction  permet à la personne de se couper progressivement des stimulations habituelles, internes ou externes (bruits, pensées parasites, douleurs…), d’installer un vide en soi. Cette restriction sensorielle s’accompagne d’un vécu de dissociation, entre le corps et l’esprit, le conscient et l’inconscient.

 A cette phase d’isolation sensorielle et de dissociation succède une phase dite d’ouverture, où la personne est invitée à se positionner différemment par rapport à un problème donné, dans l’optique d’un mieux-être, en faisant appel à ses ressources inconscientes. Le patient en phase d’ouverture, contrairement à l’état de veille ordinaire,  dispose d’un champs élargi de potentialités. En effet, les limites de son fonctionnement mental habituel (et notamment, les fausses croyances, la prépondérance de l’intellect sur le sensoriel) étant levées, il peut trouver de nouvelles façons de penser, ressentir, agir par rapport à un problème donné (ex : un patient douloureux ressentira moins sa douleur en parvenant à ressentir en même temps que cette douleur, l’ensemble de son corps, un patient souffrant d’agoraphobie pourra se souvenir d’un temps où il se sentait en sécurité dans une foule et ressentir dans son corps ce sentiment de sécurité en s’imaginant au présent dans une foule, une personne ayant peur de se faire agresser dans la rue pourra s’imaginer se balader avec une armure protectrice et ne plus ressentir cette peur…) .

Puis la séance se termine par le « réveil » où le patient revient à un état de veille ordinaire. L’impression d’avoir fait un long voyage et une profonde détente sont souvent caractéristiques de cette phase. Et comme après un long voyage, on se sent un peu différent, avec un regard neuf sur le monde et sur soi, on a découvert de nouvelles choses en soi qui contribueront à la résolution de nos problèmes, à notre bien-être. Certaines séances d’hypnose peuvent être enregistrées de manière à ce que le patient pratique des exercices d’auto-hypnose entre les séances, afin de prolonger cette expérience au quotidien.

Chaque séance d’hypnose est unique et son déroulement est variable à l’infini. En hypnose, tout ce passe comme vous viviez réellement l’expérience que vous êtes en train d’imaginer. Vous ressentez certaines sensations associées à l’expérience imaginez, vivez les éventuels gestes réalisés sous hypnose de la même manière que ceux-ci auraient étaient ressentis dans un contexte réel. Les études de neuroimagerie, qui décrivent les effets de l’hypnose sur l’activation cérébrale, ont ainsi démontré que les mêmes zones cérébrales s’activaient quand une personne voyait réellement une couleur ou entendait un son réel et quand il les imaginait sous hypnose .

 Le rôle du thérapeute dans la séance hypnotique est de guider le patient, de l’accompagner dans son travail inconscient. Il utilise pour cela un langage dit hypnotique, fait de suggestions, de métaphores, de symboles, de certaines intonations verbales, etc. Le patient est libre d’emprunter le chemin qu’il souhaite, et au rythme qu’il souhaite. Contrairement à certaines représentations de l’hypnose qui attribuent à l’hypnothérapeute un pouvoir sur le patient, qu’il pourrait contraindre à faire des choses qu’il ne souhaite pas faire, le travail de celui-là consiste simplement comme le dit François Roustang, à  vous « amener au seuil de votre liberté ». C’est à vous que revient la décision de le franchir ou non.

BIBLIOGRAPHIE

Les principes de base de l’hypnose éricksonienne Sandrine AUCLAIR
Les états hypnotiques : schématisation Jean-Marc BENHAIEM
L’induction Marie-Claude MIGNON
L’imagerie cérébrale fonctionnelle et la neurophénoménologie de l’hypnose Pierre RANVILLE
Qu’est-ce que l’hypnose ? François ROUSTANG
Mystérieuse hypnose François ROUSTANG